Jean Coureau

Prodigieux pilote de voltige, Jean Coureau a réalisé de nombreux premiers vols, dont le Mirage III C, le Mercure 01 et le Mirage 2000.

Né le 1er juin 1928 à Bouillac (Tarn-et-Garonne), Jean Coureau pratique le planeur en classe de Seconde et de Première, juste après la Seconde Guerre mondiale, sur le terrain de Montauban. Engagé en 1947 à l’école de l’Air, il est breveté pilote de chasse à Meknès en 1949. Il est parmi les premiers pilotes français transformés sur réacteurs en 1950 et affecté l’année suivante à la 4ème escadre de chasse où il affirme rapidement sa maîtrise. Ses qualités le font remarquer par le Centre d’essais en vol (CEV) où il est affecté dès 1954. Breveté pilote d’essais en 1956, il se consacre aux avions militaires de pointe (Mystère II, Mistral, Vautour, Fouga Marine, Mystère IV).

Il participe aux essais des intercepteurs légers (Gerfaut I et II, Trident, Durandal, Mirage III 001) qui aboutissent aux choix du Mirage III. Il participe, en tant que pilote, à la définition de cet appareil en effectuant les premiers essais au CEV (Mirage III A 01en 1958). Entré à la Générale Aéronautique Marcel Dassault en 1960, il parachève son œuvre sur cet avion en exécutant les essais les plus délicats. Prodigieux pilote de voltige, il effectue plus de 100 vrilles sur Mirage III dans diverses configurations. Il décolle pour la première fois les Mirage III C (1960), Mirage III E (1961) et Mirage III R (1961).

 


Il effectue des démonstrations devant différentes missions étrangères. C’est lui qui, en Suisse, réalise les différentes présentations en mettant en avant toutes les qualités de l’avion. Elles aboutissent au choix du Mirage III par la Troupe d’aviation suisse en 1961. Il accomplit ensuite le premier vol et les essais du Mirage III T (1964), du Mirage F 2 (1966) et du Mirage G (1967).

Esprit curieux, véritable ingénieur, parfaitement à même de comprendre les phénomènes les plus complexes, il n’hésite pas à se rendre au bureau d’études pour obtenir des explications approfondies. La mise au point très rapide du Mirage G s’effectue grâce à ses connaissances exceptionnelles en matière de commandes de vol et à son jugement sûr sur les qualités de vol. Il assimile parfaitement les possibilités de l’avion et de la géométrie variable, ce qui contribue au succès de la formule. Il fait bénéficier différents pilotes français et étrangers de son expérience si bien que ces derniers peuvent devenir opérationnels très rapidement.

Jean Coureau possède, en outre, une grande connaissance des problèmes de l’aviation d’affaires acquise sur Mystère 20 au cours de nombreux vols d’essais et, en tant qu’utilisateur, il participe à la mise au point de l’Hirondelle (1968). Il décolle pour la première fois le Mystère-Falcon 10-01 en compagnie d’Hervé Leprince-Ringuet (1970) puis le Mystère-Falcon 30 en compagnie de Jérôme Résal (1973).


Chef pilote des Avions Marcel Dassault à partir de 1967, il guide avec compétence et une autorité souriante les travaux et les nombreux essais entrepris au sein de la Société et, à ce titre, en particulier celle du Mirage F-1. Pilote militaire dans l’âme possédant une grande capacité d’adaptation, il a accepté et réussi à se transformer en pilote civil en effectuant des stages dans les compagnies aériennes (Caravelle chez Air Inter et Boeing 727 chez Air France) afin de prendre connaissance des problèmes propres aux avions de transport civils. Il est chargé, en tant que premier pilote associé à Jérôme Résal, Gérard Joyeuse ainsi que Denis Malbrand, de la mise au point du Mercure 01 (1971). Son dernier appareil a été le Mirage 2000 dont il a effectué le premier vol en 1978.

Il est ensuite nommé directeur-adjoint des essais en vol (1979) et est promu directeur de la sécurité des vols en 1987. Il prend sa retraite en 1992 après 32 ans de carrière chez Dassault et en ayant totalisé 6 000 heures de vol.

Jean Coureau était officier de la Légion d’honneur à titre militaire, officier de l’ordre national du Mérite et avait obtenu la médaille de l’aéronautique. Il est décédé le 19 janvier 1997 à la suite d’une douloureuse maladie.