L'Etendard est le premier avion à réaction embarqué de fabrication française utilisé par la composante aéronautique de la Marine nationale.
Paradoxe de l’Histoire, c’est un programme d’avion pour l’armée de l’Air qui aboutit à la réalisation du premier avion à réaction embarqué de fabrication française utilisé par la composante aéronautique de la Marine nationale.
Tirant les leçons de la guerre de Corée (1950-1953), l’état-major de l’armée de l’Air et les services officiels, soucieux de l’augmentation du poids et du prix des avions, rédigent un cahier des charges pour un intercepteur léger.
En décembre 1953, en complément du programme d’intercepteurs légers, l’état-major de l’armée de l’Air demande un avion léger d’appui tactique et de chasse armée spécialement conçu pour opérer au voisinage de la ligne de feu et, en principe, à basse altitude. Cet appareil doit pouvoir assurer une double mission : effectuer des attaques au sol et combattre pour assurer la supériorité aérienne bien que le combat aérien reste une mission secondaire et, pour des raisons de sécurité, être bimoteur. La Marine nationale, de son côté, souhaite disposer d’un avion analogue pouvant être embarqué sur ses porte-avions.
Deux prototypes sont commandés à Dassault et à Breguet. Deux biréacteurs Gabizo pour l’armée de l’Air (Etendard II, Breguet Br 1100) et deux monoréacteurs réacteurs Orpheus pour le concours OTAN (Etendard VI, Breguet Br 1001 Taon). De sa propre initiative, Dassault définit un Etendard IV, dessiné autour d’un réacteur Snecma Atar 101 E, qui est également commandé.
Pour répondre aux besoins des programmes nationaux et de l’OTAN, Dassault conserve la formule aérodynamique du Mystère XX (futur Super-Mystère) en l’appliquant à des avions de taille réduite équipés de réacteurs permettant d’atteindre des vitesses transsoniques sans utilisation de la postcombustion. Ainsi sont conçus les Mystère XXII (Etendard II), Mystère XXIV (Etendard IV) et Mystère XXVI (Etendard VI) qui présentent un notable progrès d’hypersustentation permettant de réduire les vitesses de décollage et d’atterrissage.
Le Mystère XXII, biréacteur Turboméca Gabizo, rebaptisé Etendard II répond au programme de l’armée de l’Air (biréacteur léger d’appui tactique). L’aérodynamique des ailes du Super-Mystère B 2 est adaptée en incorporant des dispositifs hypersustentateurs puissants qui permettent d’utiliser des terrains de fortune ou des porte-avions.
Deux prototypes sont commandés en novembre 1954. Seul le premier vole, à Melun-Villaroche, le 23 juillet 1956, aux mains de Paul Boudier. Le deuxième, équipé d’un turboréacteur Gabizo à postcombustion, reste inachevé. Un troisième prototype, destiné à la Marine nationale, est envisagé en juillet 1956 puis abandonné.
Le programme Mystère XXII est finalement annulé avant la fin de la mise au point des deux autres réacteurs du programme de 1 000 kg de poussée : Hispano-Suiza R 800 et Snecma R 105.
Le Mystère XXIV, devenu Etendard IV, fait l’objet d’un marché notifié à la société Mérignac Avions Marcel Dassault le 25 novembre 1954. Une version Marine est, dès le départ, envisagée en tenant compte des aménagements nécessaires pour la navalisation (repliage de la voilure, crosse d’appontage, renforcement de structure du fuselage et des atterrisseurs, instruments de navigation et radar complémentaires).
Le Mystère XXIV, doté d’un réacteur Snecma Atar 101 E de 3 500 kg de poussée, effectue son premier vol à Mérignac, le 24 juillet 1956, aux mains de Georges Brian. C’est un appareil plus lourd et plus puissant que les Etendard II et VI qui sont de très petits avions.
Les essais en vol confirment les qualités de l’appareil tant pour des missions d’attaque au sol que pour l’interception basse altitude ce qui attire l’attention de l’armée de l’Air et de la Marine nationale. Le 18 janvier 1958, à son 241e vol, Pierre Galland bat le record du monde de vitesse sur 1000 kilomètres à 1020 km/h de moyenne.
A la fin de 1957, l’Etendard IV est présenté au concours OTAN, écarté, à cause de son réacteur Snecma Atar 101 car l’OTAN impose le choix du réacteur Orpheus dont elle a assuré le financement. La déception est grande au ministère des Armées qui ne retient finalement pas l’Etendard IV pour l’armée de l’Air. L’année précédente une commande de 300 appareils avait été envisagée puis abandonnée, le programme d’avions légers d’appui tactique étant remis en question devant la polyvalence attendue du Mirage III.
Quant à la Marine, le programme des biréacteurs légers n’aboutissant pas, elle revient à la solution proposée par Dassault en juillet 1954 : dériver du Mystère XXIV (Etendard IV), proposé à l’armée de l’Air, un appareil embarqué.
En 1955, le Service technique de l’aéronautique demande à Dassault d’étudier l’embarquement du Mystère XXIV (Étendard IV), proposé à l’armée de l’Air, pour en faire un « appareil embarqué d’assaut et de chasse à basse altitude ». Le prototype Étendard IV M embarqué est un appareil d’attaque et de chasse à basse et moyenne altitudes, utilisable à partir de porte-avions de la classe Clemenceau, équipé du réacteur Snecma Atar 8 de 4 400 kg de poussée.
Le premier Étendard IV M vole le 21 mai 1958, à Melun-Villaroche, aux mains de Jean-Marie Saget. Cinq avions de présérie sont réalisés. Les performances et capacité d’emport de charges extérieures font de l’Étendard IV M un excellent avion d’assaut, utilisable en mission secondaire à l’interception et au combat aérien, caractéristiques imposées par la Marine nationale. Celle-ci passe commande de 90 appareils dont 30 en version reconnaissance photographique, Étendard IV P.
Commandé en septembre 1959, le prototype n°07 devenu Étendard IV P effectue son premier vol le 19 novembre 1960. Cette version emporte cinq caméras OMERA dans le nez du fuselage tandis que la soute ventrale peut également être équipée de caméras de grande focale à la place des canons. Elle possède une perche de ravitaillement en vol non rétractable.
Entre le 9 décembre 1961 et le 26 mai 1965, l’Aéronautique navale reçoit 69 Étendard IV M et 21 Étendard IV P. Pour la première fois de son histoire, elle accède aux vitesses transsoniques. Les Étendard IV M restent en service actif dans la Marine nationale jusqu’en juillet 1991, au sein de l’Ecole de chasse embarquée, l’escadrille 59 S d’Hyères qu’ils avaient intégrée en octobre 1965. Ils ont effectué en tout 180 000 heures de vol et 25 300 appontages. Les Étendard IV P restent en service actif dans la Marine nationale jusqu’au 27 juillet 2000. Ils ont effectué plus de 200 000 heures de vol.
Le Mystère XXVI, rebaptisé Etendard VI, est un dérivé de l’Etendard IV. Monoplace monoréacteur conçu spécialement pour l’attaque au sol, il est destiné à répondre aux objectifs d’un concours de l’OTAN.. Un marché pour trois prototypes est notifié le 2 novembre 1955 pour le concours OTAN, deux sont construits.
Le premier Etendard VI vole le 15 mars 1957, à Melun-Villaroche, et le second le 14 septembre. Ils sont pilotés par Gérard Muselli. L’appareil est suivi par Jean Robert, adjoint au directeur des essais en vol et Bernard Sigaud, l’ingénieur d’essais.
Le concours OTAN est la première occasion pour l’équipe Dassault de travailler sous l’autorité technique d’un comité directeur international. Le concours se déroule à Brétigny du 16 septembre au 5 octobre 1957. La société Dassault présente les Etendard IV et VI. L’OTAN imposant le choix du réacteur Orpheus dont elle a assuré le financement, l’Etendard IV est écarté, à cause de son réacteur Snecma Atar 101 dont le fonctionnement a pourtant été irréprochable. L’Etendard VI (réacteur Orpheus) est également éliminé, pour des raisons politiques, au bénéfice du Fiat G 91. La déception est grande au ministère des Armées qui ne retient finalement pas l’Etendard IV pour l’armée de l’Air. L’année précédente une commande de 300 appareils avait été envisagée puis abandonnée, le programme d’avions légers d’appui tactique étant remis en question devant la polyvalence attendue du Mirage III.
Gérer mes cookies